Doux Rêveurs

Sans l'idée volatile du temps sur la Terre,
Nous gaspillons nos vies dans d'âpres confusions,
Où des jeux immédiats viennent à profusion
Libérer notre esprit de l'ennui délétère.

Les monstres numériques ont le vent dans la voile
Bien que leurs objectifs ne soient pas vraiment nets
Nous restons dans le flou de fabuleux gadgets,
Des objets connectés en réseau sur la Toile !

Oui!!! Nous avons troqué notre frêle méfiance
Pour une innovation à peine maîtrisée !
L'univers d'Internet nous a vampirisé,
Et nos âmes damnées y dorment en silence !

Mais nous jouons le jeu des marchands de mensonges.
Dans les rues maquillées en illuminations,
Les pavés sont ornés de bonnes intentions.
Nous cherchons l'idéal, l'élégance et le songe.

Que tout semble idyllique à travers la vitrine,
Le luxe à faible prix sur l'étal des marchands
Les vins aligotés et les fruits alléchants,
Offrent à nos yeux troublés une chair purpurine.

Devant les regards vils de nos lâches faiblesses,
C'est Satan travesti dans sa robe en satin,
Qui nous montre ses charmes de belle catin,
D'ange libidineux que le désir caresse.

Nos cerveaux pollués de visions extatiques,
De convoitise abjecte et d'attraits subjugués,
Travaillent jours et nuits dans nos corps fatigués,
Et cherchent l'évasion sous la forme onirique.

Dans cette traversée nocturne et tubulaire,
Le doux parfum toxique emprunt du mal des fleurs,
Insuffle dans nos vies un épineux bonheur,
Dans le soir reposant que la pénombre éclaire.

C'est la vie que l'on voit réfractée par un prisme
Sous l'hallucination de nos yeux effacés,
Chaque nuit la folie vient pour nous embrasser.
Nous tombons mollement dans le surréalisme !

Nous rêvons, nous créons Musique, Architecture.
Romans, tableaux, photos se comptent par milliard.
Caché dans l'antichambre inventive de l'Art,
Le rêve est l'avenir de toutes les cultures.

Je crois au rêve, autant qu'à la réalité. Lui seul - avec l'Art, qui nous permet d'extérioriser le sensible qui nous habite - peut changer la réalité. Cela commence en nous, et se communique à l'entourage proche, puis s'étale plus ou moins vers l'extérieur. La technologie devient alors un outil, que nous devons utiliser avec modération pour servir nos projets.
Certaines expressions me plaisent : les monstres numériques pas vraiment nets, le mal des fleurs...
Un poème qui se lit bien. Je salue la fluidité dans l'écriture !
Ah oui, l'allusion à la nuit me plaît aussi. Le rêve est le complément du jour et l'équilibre. Heureux sommes nous si nous pouvons garder les rêves en mémoire et les comprendre (sans se laisser influencer par un quelconque psy qui ne fait qu'interpréter ce qu'on lui dit, sans rien connaître, intimement, de notre vie et de son cours... ). Bon, là je dévie !

:4/5:

La poésie n'est guère en vogue ces temps-ci mais qu'importe je continue de rêver et d'écrire. Ici je m'étais inspiré de Baudelaire.

Merci Garance pour ton passage  et ton commentaire :) et dans la vie, tout est une question d’interprétation, Le réel n'est qu'une interprétation de nos sens.
Bon j'arrête car moi aussi je dévie

C'est bien le problème de la poésie, ici comme ailleurs !
Ecrire. Donner à lire. Parfois je doute de la nécessité de le faire. Quelques mots déposés sur un carnet suffiraient à mon bonheur d'écrire sans avoir à bâtir un poème, ainsi je pourrai les garder dans leur spontanéité.

S'inspirer d'un grand permet de lancer le poème et d'en écrire un perso qui, s'il est réussi, garde le souffle de son modèle.

Le tien a du souffle.

Quelques mots déposés sur un carnet suffiraient à mon bonheur d'écrire sans avoir à bâtir un poème, ainsi je pourrai les garder dans leur spontanéité.

Lorsque j'écris, j'ai besoin de cadrer ma spontanéité dans des règles. Et le fait d'avoir un poème en rimes régulières me permet de prendre de l'inertie. Et je joue sur les mots, je joue sur les sons, je m'amuse à faire tout ça.

C'est fleuve... ce texte a failli me faire peur.

Mais il m'a finalement captivé.

Bel enjeu que de lancer une réflexion pointue sur notre quotidien aliénant par le biais de la Poésie !

Style léché. Termes recherchés et pesés.

Humour dans les coins, aussi. Avec "les objectifs pas très nets" qui m'ont fait sourire.

Eh non, évidemment, l'ennui n'est pas délétère. Mais nécessaire dans une société hyperactive de winners connectés au pré-mâché...

J'aime !

:4/5:

Merci Mac pour ton passage, et ton courage

ce texte a failli me faire peur.

Eh non, évidemment, l'ennui n'est pas délétère. Mais nécessaire dans une société hyperactive de winners connectés au pré-mâché...

Je me suis inspiré de la poésie "Au Lecteur" de Charles Baudelaire dans laquelle l'ennui est considéré comme le plus mal.
Aujourd'hui il n'y a plus d'ennui car on a réussi à occuper le cerveau des gens.

noyan a écrit:Je me suis inspiré de la poésie "Au Lecteur" de Charles Baudelaire dans laquelle l'ennui est considéré comme le plus mal.

Peut-être au 19ème siècle... Mais, Baudelaire serait parmi nous aujourd'hui, il penserait sans doute que l'ennui est le dernier havre de paix pour réfléchir calmement et laisser fermenter sa création personnelle... L'ennui est un vaccin à l'hyperactivité et une force de résistance dans ce monde hyper-connecté !

Merci encore de nous donner à réfléchir ainsi.

Bravo Noyan!
Il y a dans ce texte une richesse d'analyse, soutenue par une qualité d'écriture et une magnificence vocabuliste devant lesquelles je m'incline. Mais le développement philosophique parfaitement exprimé avait-il besoin d'un tel déploiement? C'est pour cette raison que je donne que :4/5: alors qu'il vaut plus que 5. Sans doute de ma part une crise d'inculture, ou un attachement à la simplicité, la poésie faisant le reste dans la part d'émotion. Faire simple n'est pas l'adage des simples d'esprit ... il est la force de plusieurs grands auteurs; Simple avis personnel!

La tentation toujours... pour tromper l'ennui... comment y résister ?

Si, la poésie est toujours en vogue !
Et tu le prouves bien ici en mariant préoccupations bien d'aujourd'hui et alexandrins.
Bravo
:4/5:

Ce texte a obtenu quatre fois 4 crayons.
Ce bilan lui confère le privilège d'être archivé dans la nouvelle rubrique d'archive du Crayon du Parolier.



N.B. Je rappelle que l'attribution d'une mention particulière demeure sujette à un règlement spécifique, consultable ici.